Berri, Berri... ? (13/01/2009)
Et "Tchao pantin" à droite, et "Le patron" à gauche, je comprends que beaucoup de monde connaissait Claude Berri et qu'ils aient aujourd'hui envie de le saluer, mais je suis quand même un peu surpris par le déferlement d'hommages "comme si la France venait de perdre Orson Welles"(merci Joachim, pour le lien). La première chose dont je me souviens à propos du cinéaste, c'est que quand on lui avait fait remarquer que jamais les Aubrac n'avaient fait dérailler de train (c'est la scène d'ouverture du film Lucie Aubrac), il avait répondu que oui mais faire dérailler des trains, ça faisait plus "résistant". Je cite de mémoire mais j'avais trouvé ça un peu gonflé. Reste que son cinéma ne m'a jamais enthousiasmé, Uranus était un peu pénible, Germinal caricatural et j'aime trop le film de Pagnol pour avoir eu envie de voir le dyptique méridional. Tchao pantin, je ne sais pas, j'ai toujours pensé que c'était le prototype du faux film à risque. Je me demande s'il a bien vieillit. Reste juste le souvenir plaisant et léger de Deneuve dans Je vous aime. Sa carrière de producteur est plus intéressante, inégale mais il y a de belles choses. Je me fais peut être encore des illusions sur ce qu'est un "grand producteur", mais Berri ne correspondait pas vraiment à cette image. En même temps, je trouve qu'il correspond tout à fait à l'image globale que donne notre cinéma national depuis bientôt trente ans.
12:40 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : claude berri | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Sa première manière de réal n'est pas inintéressante, mais effectivement pour le reste... faux risques, vilain académisme pour nationale éducation sclérosée (malgré un révisonnisme "positif", voui), fournisseur de comédies popu fastoches et pas top (du Maître d'Ecole aux Chtis)...
Me manquera pas ou plutôt me manquais déjà. Depuis 28 ans...
Écrit par : mariaque | 13/01/2009
Tout à fait d'accord avec toi (Germinal et Lucie Aubrac, c'est assez abominable) ! Je n'aime pas ses films mais j'aime encore moins l'attitude qu'il eut à l'égard de Serge Daney...
Reste l'homme qui a produit Demy, Pialat et quelques autres... On ne peut pas tout lui retirer!
Écrit par : Dr Orlof | 13/01/2009
Vous êtes encore plus durs que moi, mais c'est bien ça :) Le seul film que je serais curieux de voir, c'est "Le cinéma de papa" avec Yves Robert. Peut être à cause de son thème. Sinon, le blog O signo do dragao a mis en ligne le texte de Daney sur "Uranus" (en anglais mais bon).
Écrit par : Vincent | 14/01/2009
Berri, l'un des plus grands réalisateurs de sa génération selon l'Elysée ! Sur France Info, çà crie au génie ! Lavoignat de Studio nous en fait des éloges.
Dans quel pays cinéphilique je vis ? Des fois, faudrais mieux pas écouter la radio ou regarder la télé, çà éviterait d'entendre des abberations qui nous font passer des Tchao Pantin, des Maitre d'école, des Manon des sources (avec l'inénarrable Emmanuelle Beart), pour des chef d'oeuvres du cinéma (même seulement français).
C'est pas rendre hommage à quelqu'un qui vient de déceder que de dire des contre sens. Le culturellement correct devrait avoir des limites.
Écrit par : Rom | 14/01/2009
Il a pu être un cinéaste "important" pour les gens qui, comme moi, ont eu 14 ans en 85/86 et trouvaient Tchao pantin et les deux Pagnol très bien. Le problème est qu'effectivement, nul besoin ne se fit sentir par la suite de les revoir, de peur de ne plus les supporter (sauf Uranus, une fois et sans déplaisir). Le bonhomme me laissait donc assez indifférent.
Les deux seuls films que j'ai vu de lui récemment confirment la tendance. Le vieil homme et l'enfant est intéressant mais Germinal est un gros pâté abominable.
Écrit par : Edisdead | 14/01/2009
Loin de moi de dire que ses films sont des films sans intérêt. Mais de là comme certains le font actuellement dans nos médias aseptisées à crier aux chef d'oeuvres ou au génie, y a un gouffre.
Moi, Bienvenue chez les chtis, une de ses productions, j'aime bien, c'est sympathique. Mais c'est pas un risque fou qu'il a pris en le produisant.
Écrit par : Rom | 14/01/2009
ne pas oublier son activité de distributeur.
Cf par exemple son interview à Cannes en 1979 présente dans les bonus d'Apocalypse now.
Écrit par : Christophe | 14/01/2009
Je pense que personne n'oublie certains choix hardis de producteur, ni ce qu'il a pu apporter de part le pouvoir qu'il avait dans le milieu du cinéma français. La contrepartie de ces bons côtés, c'est son attitude vis à vis de la critique, des déclarations comme "un film qui compte, c'est un film qui rapporte", cette façon hautaine de considérer son travail.
Passé 1980, il donne aux grosses productions françaises l'allure de téléfilms surgonflés, que ce soit ses films ou ceux d'Annaud par exemple. C'est pauvre en cinéma et en inspiration tout ça. Même "La reine Margot" de Chéreau que j'aime bien, se retrouve le cul entre deux chaises entre l'oeuvre visionnaire et la pièce monté façon Châtelet. Dans le concert de louanges émues actuel, il n'y a aucun recul, et on met dans le même sac les belles productions (Polanski, Pialat...) avec "Germinal" et le poitrail de Depardieu. Je dis : holà !
Bon, ça fait quand même plaisir de ne pas se sentir seul.
Écrit par : Vincent | 14/01/2009
Bonsoir, c'est Mariaque (La Rochelle's connection), l'auteur irréfragable du meilleur guide pop rock de ces dernières années qui m'a donné le lien ; tout ça parce qu'en quelques lignes j'ai dit, chez moi et avec une moindre science de la chose cinématographique, un peu la même chose que le propriétaire de ces lieux.
En fait, je crois bien , hélas, que le traitement médiatique appliqué à la mort de Berri n'est qu'une facette d'une sorte de paresse intellectuelle globale qui a saisi nos médias et ce dans tous les domaines je le crains.
A bientôt, je repasserai certainement par ici
Écrit par : The Civil Servant | 18/01/2009