Birdy Num Num (15/09/2005)
Allons y carrément, écrire sur The Party de Blake Edwards, c’est Écrire sur l’un des films les plus drôles du monde. Enfin, pour moi déjà et c'est déjà ça. Toutes considérations personnelles mises à part, ce film qui date de 1968 est la quintessence de la collaboration tumultueuse mais si riche entre le réalisateur Blake Edwards et l’acteur Peter Sellers. Ce dernier, Lolita et Folamour l’ont montré, est un génie du travestissement. Il campe ici un acteur indien (des Indes), complètement naïf, avec une très jolie voiture à trois roues, venu à Hollywood tourner un remake de Gunga Din. Ayant accumulé plusieurs catastrophes sur le tournage et détruit le décor, il est mis sur liste noire par le producteur du film.
Edwards déploie une mise en scène sophistiquée, contrôlant le lent mais sûr dérapage vers le chaos. Une mise ne scène toute au service de cet acteur d’exception qu’est Peter Sellers. Ses mimiques, son air embarrassé de gamin égaré dans un monde guindé qui la dépasse sont irrésistible. Il se confronte à tous les gadgets en vogue, révélant leur vacuité, voire leur nocivité. Sellers se déchaîne avec la fontaine d’intérieur, les WC, le système de hauts parleurs, comme avec le désormais célèbre perroquet (Birdie Num Num !). Venant d’un pays de tradition millénaire, un pays de spiritualité et de philosophie, il est révélateur, au sens chimique du terme, du vide de la civilisation américaine, mal masqué sous une technologie sophistiquée. Il fera exploser, comme le fortin du début, cette moderne forteresse du producteur hollywoodien, lieu d’un pouvoir dérisoire, pour y faire enter des barbares sympathiques (avec leur éléphant !), avant de repartir, malgré tout, avec la fille au volant de son étrange voiture. Musique très swing de l’ami et collaborateur de toujours, Henri Mancini. The Party est un vrai film culte, une vraie comédie et un vrai chef d’œuvre.
22:50 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Blake Edwards, Peter Sellers, comédie | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Difficile de venir un peu ternir ce magnifique avis enthousiaste. En plus, pas vraiment envie d'attaquer ce Blake Edwards que j'aime beaucoup par ailleurs. Bien sûr les clowneries de maître Sellers sont un véritable décile, mais j'ai trouvé la mise en scène d'Edwards un peu vide par rapport à l'apport du comique de Sellers. Finalement, je me marre beaucoup plus dans les deux Kubrick et dans certains des panthère rose. Mais bon, vraiment pas de quoi en faire un drame ;-)
Écrit par : CHRIS | 16/09/2005
Cruel est le destin des inconditionnels de The Party !
Je me souviens y avoir emmenè une petite amie en lui lui disant que c'était le film qui me faisait plus rire de tous les films et elle n'avait pas desséré les dents ! C'est là que nous avions compris que nous n'étions pas fait l'un pour l'autre...
Je vais affûter quelques arguments Chris.
Écrit par : Vincent | 16/09/2005
mptdr ! Moi aussi j'ai fait ça avec des filles ! Si elles n'aimaient pas ce que j'adorais.... hop, à la poubelle ! mptdr !!!
Écrit par : CHRIS | 16/09/2005
Salut, Vincent,
Je sais que la vie ne tient parfois qu'à un fil mais je ne me doutais pas que ne pas partager les mêmes goûts d'un "bipède de sexe masculin" pouvait constituer un "vice" rédhibitoire dans le choix de ses petites amies (hi hi hi)...
Heureusement que je ne suis plus cotée à l'argus !
Bises.
Marie Thé
Écrit par : Marie Thé | 16/09/2005
Marie Thé, on en reparlera demain. il y a des choses qui se disent mais ne s'écrivent pas (hé hé hé).
Écrit par : Vincent | 16/09/2005
Je fais une recherche sur Birdy Num Num, et paf, je tombe sur votre blog de cinéphile. The Party, du bonheur en barre !!
Je link votre blog chez moi…
;-)
Écrit par : imposture | 22/12/2005
The Party - ou le cruel révélateur du fossé entre les sexes.
Même mésaventure pour moi. Ces demoiselles ne raffolent pas de Gunga Din, ni de "pa'tne'", ni de "birdy num num". Elles ne s'esclaffent pas quand la poularde atterrit sur la tête de la baronne, ni quand le serveur reprend sa 12e vodka et se prend une porte dans le nez.
Mais j'ai déjà constaté le même phénomène avec les Tati.
Allez, soyons juste, notre objectivité est peut-être biaisée : je ne me suis quasi-jamais marré ni vraiment amusé devant une bluette de Julia Roberts ou Meg Ryan (sauf Harry et Sally, allez).
Une question quiz, les cinéphiles : vous êtes-vous retrouvé devant "you've got mail" à expliquer à votre copine interloquée que non, Shop around the corner n'est pas une délicieuse invention du réalisateur ou de Tom Hanks, mais d'un grand film (en noir et blanc, oui je sais ma chérie, hélas) de Lubitsch ?
Allez, j'exagère. Ce n'est pas bien grave. Mais ca vous fait passer à chaque fois pour une sorte de prick prétentieux.
Écrit par : Tartuffone | 03/07/2006