Grosse signature à l'encre rouge (08/01/2008)
Faut reconnaître que ça surprend. Je ne me souvenais plus de la dernière scène du film de Bertrand Tavernier, Le juge et l'assassin. On y voit le personnage d'Isabelle Huppert dans une usine, au milieu des ouvriers, entonner une chanson sur la Commune. Je me disais, c'est étrange, les paroles me disent quelque chose mais je ne vois pas de quelle chanson il s'agit. Recherche faite, c'est une composition originale de Philippe Sarde, le musicien du film et de Jean-Roger Caussimon, qui joue un chanteur des rues dans le film, pour les paroles. C'est finalement comme le Deguello soit disant joué par les mexicains devant Alamo mais qui serait en fait une composition "inspirée par" du compositeur Dimitri Tiomkin pour Rio Bravo. Et qui sera repris par un John Wayne admiratif pour son Alamo. Quand ça sonne juste, ça devient plus vrai que le vrai et quand la légende est en contradiction avec les faits, je sais ce qu'il me reste à faire.
La Commune est en lutte
Texte de Jean-Roger Caussimon, musique de Philippe Sarde
Sans doute, mon amour, on n’a pas eu de chance
Il y avait la guerre
Et nous avions vingt ans
L’hiver de 70 fut hiver de souffrance
Et pire est la misère
En ce nouveau printemps...
Les lilas vont fleurir les hauteurs de Belleville
Les versants de la Butte
Et le Bois de Meudon...
Nous irons les cueillir en des temps plus faciles...
La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...
Nous avons entendu la voix des camarades :
« Les Versaillais infâmes
Approchent de Paris... »
Tu m’as dit : « Avec toi, je vais aux barricades
La place d’une femme
Est près de son mari... »
Quand le premier de nous est tombé sur les pierres
En dernière culbute
Une balle en plein front
Sur lui, tu t’es penchée pour fermer ses paupières...
La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...
Ouvriers, paysans, unissons nos colères
Malheur à qui nous vole
En nous avilissant...
Nous voulons le respect et de justes salaires
Et le seuil des écoles
Ouvert à nos enfants...
Nos parents ne savaient ni lire ni écrire
On les traitait de brutes
Ils acceptaient l’affront...
L’Égalité, la vraie, est à qui la désire...
La Commune est en lutte
Et demain, nous vaincrons...
Les valets des tyrans étaient en plus grand nombre
Il a fallu nous rendre
On va nous fusiller
Mais notre cri d’espoir qui va jaillir de l’ombre
Le monde va l’entendre
Et ne plus l’oublier...
Soldats, obéissez aux ordres de vos maîtres
Que l’on nous exécute
En nous visant au cœur
De notre sang versé, la Liberté va naître...
La Commune est en lutte
Et nous sommes vainqueurs...
La scène du film sur Dailymotion
Les chansons originales de la Commune
13:00 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Bertrand Tavernier | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Merci pour cette occasion de réentendre le grand Caussimon (qui a fait plein de choses dans sa vie, interprétant notamment le rôle de Bazaine dans un western européen--étonnant, non ?).
B
Écrit par : Breccio | 08/01/2008
Ausssitôt dit, aussitôt imdb. J'apprends avec stupeur qu'il a aussi joué le chef indien (Castor prudent !) dans "Fernand cow-boy". Etonnant, non ?
Écrit par : Vincent | 08/01/2008
Il a aussi travaillé avec le grand Ferré, par exemple sur l'excellente chanson "Les spécialistes", toujours aussi d'actualité et toujours sublime. Bon d'accord, c'est moins étonnant que "Fernand cow-boy"...
Écrit par : tepepa | 09/01/2008
Sans parler de l'inoubliable "Monsieur William". Un jour, j'ai écouté l'émission de Philippe Meyer, "La prochaine fois, je vous le chanterai", où il recevait ce jour-là des étudiants en lettres (ou des lycéens de terminale) commentant les chansons qu'il leur avait fait écouter. La discussion sur "Monsieur William" confinait au surréalisme : aucun de ces jeunes gens n'avait vu le second degré, et ils insistaient beaucoup sur le racisme des auteurs, à la stupéfaction de Meyer, qui a eu l'intelligence de les laisser parler sans leur faire la leçon.
Rien à voir avec le cinéma, je sais, mais le décalage de perception, ça me fascine.
B
Écrit par : Breccio | 09/01/2008
Je ne connaissais pas ces chansons, n'étant pas trop férré en Férré (pouf, pouf), mais elles me plaisent beaucoup. Sur le décalage de perception, je partage la fascination de Breccio, et je crois que ça a quand même pas mal à voir avec le cinéma. Je suis toujours surpris des écarts qu'il peut y avoir dans les discussions entre la perception des gens sur les mêmes images. Ce qui m'amène à vous annoncer que je mets la dernière main à un petit truc sur Blindman, pour lequel je me suis beaucoup posé la question de savoir comment ce film très irrévérencieux est perçu aujourd'hui.
Écrit par : Vincent | 10/01/2008