Mélancolies (08/06/2007)
Je précise d'entrée que je ne me sens nullement mélancolique en ce moment. C'est ce titre du dossier du mois dans la revue Positif qui m'a semblé un fil rouge approprié pour cette note.
Pour rendre un véritable hommage à Jean-Claude Brialy, c'est ici.
Derry nous a signalé en commentaire des pensées du 23 la sortie d'un numéro spécial Grindhouse de l'équipe de Mad Movies. Je ne lis plus la revue depuis quelques années, mais ce numéro vaut le coup d'oeil. Il y a notamment un bel article mélancolique de Christophe Lemaire sur les salles de quartier parisiennes avec des photographies et des pavés de presse de la fin des années 70 / début des années 80 qui peuvent mettre la larme à l'oeil si l'on a connu cette époque. Je suis un peu limite en age pour cela mais Lemaire, c'est aussi l'équipe de la revue Starfix (Gans, Boukhrief, Cognard, Headline...) qui m'a pas mal influencé à partir de 1983.
Mélancolie dans l'interprétation du Temps des Cerises par Gina, la chanteuse éprise du Porco Rosso.
Suzuki à Paris. Je n'y serais pas, pas encore de vacances, mais je ne peux résister à l'occasion d'évoquer la figure du cinéaste japonais Seijun Suzuki auquel rend hommage depuis le 31 mai et jusqu'au 30 juin, la Maison de la Culture du Japon à travers une très complète rétrospective. Il est né à Tokyo en 1923 et comme il existe d'excellentes notices biographiques, je vous propose de vous reporter à celle de cinétude. Je ne ferais pas mieux que Julien Gester. Suzuki, j'ai découvert ses films il y a un peu plus d'un an grâce à un ami (merci Alain) et aux très beaux coffrets édités par Canal. Car il s'agit bien de découverte au plein sens du mot tant l'univers de Suzuki permet de ressentir à nouveau l'émerveillement devant un film neuf. Et c'est bien pour être émerveillé que l'on va au cinéma, non ? Sa période désormais la plus connue se situe dans les années 60 et son sommet est pour beaucoup La marque du tueur réalisé en 1967. Alors employé par la société Nikkatsu qui fabrique à la chaîne des mélos, des films policiers et des films érotiques, Suzuki donne des films policiers érotiques, violents, musicaux et plein d'un humour sarcastique du meilleur aloi. Expérimentateur de formes, de sons et de couleurs son cinéma est parfois franchement surréaliste. Si le cinéma de Suzuki n'est pas mélancolique, certes non, ses admirateurs les plus zélés, Jarmush, Tarantino ou Kitano le sont assurément. Le bon docteur Orlof a écrit plusieurs beaux articles sur ces films, je vous invite à fouiller dans son index. Lettre S.
Et parlant du Dr Orlof, j'ai fini par acquérir après de longues recherches la bible (ou presque) qu'il cite si régulièrement : Les yeux de la momie de Jean-Patrick Manchette. Recueil de chroniques écrites entre 1978 et 1982 pour Charlie Hebdo, ce beau pavé va certainement faire partie des (très rares) livres que je passe mon temps à ouvrir et ouvrir encore tout au long de l'année. Comme les chroniques de Daney, ma petite bible du western italien, La théorie des acteurs de Moullet et les livres d'entretiens avec Hitchcock et Hawks. Il faut dire que cette période correspond exactement à la naissance de ma cinéphilie aiguë, encore un peu jeune pour les salles de quartier qui fermaient les unes après les autres mais assez autonome pour m'inscrire à la cinémathèque (de Nice) et commencer à voir le plus de choses possible, à lire des livres sur et chercher une revue qui me donne envie de. Alors au fil des pages que j'ai déjà survolées, les souvenirs se ramassent à la pelle.
Je ferais peut être quelque chose sur Gordon Scott cet été. Sa disparition et les hommages discrets mais sincères qui ont suivi sur les blogs que j'aime lire m'ont ramené à ces films de mon enfance où se croisaient des acteurs plutôt limités mais charismatiques comme Lex Barker, Gerard Barray, Steve Reeves ou Fess Parker, souvenirs d'ailleurs plus liés à la télévision qu'aux salles. Jetez donc un oeil sur les remarquables documents du Greenbriar picture show. Tarzan en double programme avec Jerry Lewis, c'est pour Imposture, ça !
Je fais peut être un peu trop dans le western ces derniers temps, mais je vous ai quand même prévu un double programme pour le 15. En attendant Ford.
11:55 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Jean-Patrick Manchette, Gordon Scott, Hayao Miyazaki, Jean-Claude Brialy, revue | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Oh! Oh! Encore des liens! Je suis gâté! Ravi que tu aies déniché le livre de Manchette. J'ai hâte de lire ce que tu en as pensé. Peut-être sur ton autre blog?
Écrit par : Dr Orlof | 08/06/2007
Assez valable le Hors Série de Mad Movies (alors que le mensuel est vraiment très très très faiblard depuis quelques temps !)... un peu happy-few (forcément !) et encore une fois confié, pour part, à Christophe Lemaire qui, s'il est tout à fait légitime, pertinent et talentueux, truste un peu toutes les colonnes consacrées au "Genre" dans nombre de publications actuelles (de Rock & Folk à Score), empêchant par la même à d'autres avis, visions et talents de s'afficher au grand jour... C'est toujours un peu chiant le coup de la vision unique.
Quant à ta bible du western italien, quelles en sont les refs ?
Écrit par : mariaque | 09/06/2007
Le Giré, chez Dreamland ?
Écrit par : mariaque | 09/06/2007
Pardon pour le off- topic: blog de musa annes 70 http://www.orchideadesantis.blogspot.com
Écrit par : rodicio | 09/06/2007
http://www.bxzzines.blogspot.com
Écrit par : rodicio | 09/06/2007
Mon dieu, Rodicio, mais c'est le paradis ce blog ! Il faut que je fasse une note complète là-dessus.
Mariaque, ma bible est plus petite. C'est le livre de L. Staig et T. Williams sortit dans les années 70. Depuis quelques temps, je feuillete souvent "Il western all'italiana" petit format avec de très nombreuses illustrations. le Giré, c'et la référence dit-on en France, mais je ne l'avais pas acheté à sa sortie et maintenant je ne le trouve plus.
Sur Lemaire, vous n'avez pas tort. En même temps la défense de ce genre de cinéma a toujours été le fait de tout petits groupes. C'est vrai qu'aujourd'hui, les héritiers de Midit-Minuit se sont un peu institutionnalisés. Mais il y a aujourd'hui Internet et c'est quand même plus facile de faire entendre des voix différentes qu'à l'époque des photocopies.
Écrit par : Vincent | 09/06/2007
Parfaitement d'accord (et ravi de l'être) avec l'explosion du Genre grâce à la bulle bisseuse de l'internet !
NB: une re-vision du Suzuki, chroniquée où vous savez...
Écrit par : mariaque | 09/06/2007
http://embedeando.blogspot.com
Écrit par : rodicio | 10/06/2007
Tres beaux blog que Zines en effet.
Écrit par : S*E*B | 11/06/2007
Trouve aussi le blog de Zines très impressionnant. Juste un mot pour dire que je voulais "marquer le blog" et qu'il est apparu "vous avez voulu marquer le blog comme contenu répréhensible", je m'excuse et que cela n'entraînera pas de mauvaises surprises ou de descente de la brigade des moeurs. Comme il n'y a pas les coordonnées de l'auteur "Clifford Brown" sur le blog, je profite de cet espace pour marquer à nouveau à la fois mes excuses et mon admiration devant une telle mine, qui promet encore de belles heures de lecture.
Écrit par : Joachim | 11/06/2007